Fontaine-sur-Ay

Le village de Fontaine-sur-Ay, agréable par l’abondance de la végétation, le pittoresque de ses ruisseaux et le calme de ses chemins de promenade, est devenu un lieu de résidence recherché au pied de la forêt et à l’écart de la grande route. Pourtant, ce fut longtemps un petit village pauvre, ne regroupant, jusqu’à la Révolution, qu’une vingtaine de familles de cultivateurs, d’ouvriers agricoles et de bûcherons. Fontaine apparaît d’ailleurs comme la réunion en une seule paroisse, à une époque indéterminée, de deux hameaux séparés par le ruisseau de Germaine appelé communément « la Germaine ».

Des découvertes archéologiques du XIXe siècle, notamment des haches de pierre trouvées près du « Moulin de bas », permettent de faire remonter l’occupation du site à l’époque préhistorique. L’exploitation agricole du terroir paraît probable lors de l’époque gallo-romaine. Néanmoins, l’existence du village n’est confirmée, au plus tôt, que dans une charte de 1086. La mention du nom du pays en latin par le pluriel « Fontanae » -les sources- indique que c’est l’abondance de celles-ci qui détermina la désignation du site.

L’implantation des habitations se fit principalement au nord de la rivière « la Livre ». Au sud, la position stratégique du Montaigu intéressa à plusieurs reprises les responsables de la défense de la contrée. Au Moyen-Age, un petit château fort fut érigé au sommet de cette colline ; il n’en reste plus rien.

Le village fut longtemps sous la dépendance de seigneurs locaux, notamment ceux de Châtillon. Il passa sous la coupe de la puissante famille des Brûlart de Sillery. Celle-ci obtint en 1621 l’érection de son patrimoine foncier en marquisat et c’est ainsi que Fontaine, jusqu’à la Révolution, fit partie du marquisat de Sillery. Néanmoins, une petite seigneurie subsistait sur le terroir, celle du Ban Sarrazin, comprenant une ferme et ses terres. À la veille la Révolution, le seigneur, M. de Caumont, portait le titre d’écuyer, habitait Plivot et avait un fermier sur place.

Malgré sa pauvreté, la communauté des habitants entreprit, au cours du XVIIIe siècle, des travaux pour améliorer la situation locale. On bâtit en 1771 un presbytère, aujourd’hui transformé en habitation au n°18 de la Grande Rue, afin d’avoir un prêtre sur place, ce qui favorisait la présence d’un maître d’école. On répara l’église et on construisit deux ponts de pierre, en remplacement de ponts de bois, l’un sur la Livre près de l’église et l’autre sur le ruisseau de Germaine, facilitant la liaison entre le haut et le bas du pays.

À partir du début du XIXe siècle, la population augmente pour atteindre 211 habitants en 1836. Un meilleur système d’imposition permit alors à la municipalité de mener à bien de nombreux projets. Une première mairie-école, avec logement d’instituteur et remise à pompe, est construite en 1833 à côté de l’église, le long du chemin des Aulnes. Devenue exiguë, elle est remplacée en 1895 par celle en service actuellement. L’église, reconstruite en 1822, bénéficie ensuite, vers 1870, de travaux d’extension et de modification permettant d’accoler un porche et un clocher. Les lavoirs du bas et du haut du pays (encore existants en ce début du XXIe siècle) sont protégés par une toiture. À la fin du siècle, la majeure partie de la Grande Rue est dotée de caniveaux pavés et un nouveau cimetière est aménagé à l’extrémité de la ruelle Favret (nom d’un riverain) afin de supprimer celui situé autour de l’église.

Au début du XXe siècle, on observe un fléchissement important de la population descendant jusqu’à 115habitants en 1931, les pertes de la guerre et l‘exode rural conjuguant alors leurs effets. Depuis cette date, la population est en constante augmentation et atteint maintenant environ 350 habitants. L’électrification et l’enduisage bitumineux des rues seront les seuls investissements importants de la première moitié du siècle. L’adduction d’eau date des années 70. L’assainissement partiel du village et l’effacement partiel des réseaux ont été effectués au cours de la première décennie du siècle en cours. La réfection des chaussées avec pose de caniveaux et pavage des entrées de propriété a suivi l’assainissement là où il était réalisé.

Le visiteur intéressé peut, autour de l’église, voir quatre témoins du passé : la première mairie-école, au 3 rue des Aulnes ; la maison d’habitation avec galerie de l’ancienne ferme du marquisat de Sillery, située au n°1 de la rue des Seigneurs ; l’ancien moulin construit en 1793, au n°2 de la rue des Seigneurs et le Grand Pont communément appelé « pont de l’église », datant de 1786. En soirée, il appréciera l’élégance du clocher que l’illumination met en valeur.

Merci à M. Jean-Pierre Filtz, qui fut maire du village, pour nous avoir fourni ces précieuses informations.